Dix ans qu’elle n’avait pas foulé le sable fin de ce bar. Elle avait l’habitude de s’y hasarder les soirs de ce fameux été 2009.

Le temps ne semblait pas avoir de prise sur lui. Les mêmes poutres d’acacia soutenaient la bâtisse. Le même sable chaud brûlait la plante des pieds. Les mêmes feuilles de palmier, à travers lesquelles on pouvait contempler le ciel étoilé la nuit tombée. Les mêmes flammes à la lueur desquelles les corps ondulaient sur la même musique que celle jouée quand elle l’a rencontré.

Le temps n’avait pas ranci le bois mais il avait pâli les visages attirés par la beauté du rivage, autrefois plus sauvage.

Elle tentait de se frayer un chemin au milieu des corps chaloupés quand on lui saisit le poignet.

Elle se retourna et leva les yeux vers lui. Le même regard impétueux qui lui coupa la respiration. Autour d’elle le rythme s’adoucit, les couples se formèrent. Il tint fermement sa main dans la sienne. Il fit glisser l’autre le long de son dos pour la poser sur sa chute de rein. Les doigts agrippés à sa nuque, leurs joues se frôlant, elle huma son parfum boisé.

Il resserra son étreinte. La cadence s’accéléra. Ils firent un premier pas, puis un deuxième. Ainsi enlacés, elle se souvint. Des balades les pieds dans l’eau, les tendres baisers sous le flamboyant, les adieux déchirants sur le perron de sa maison de vacances et sa promesse qu’il l’attendrait. Elle virevolta. Il la pressa contre son buste de peur qu’elle ne lui échappe à nouveau. Elle ferma les yeux pour se délecter de chaque instant, de chaque assaut de son bassin de l’avant à l’arrière. Il lui avoua alors au creux de l’oreille qu’il revenait tous les soirs d’été depuis dix ans, dans l’espoir de la retrouver, là où son amour pour elle avait commencé.