Pour commencer, je vais vous poser une simple question. Lorsque vous vous promenez dans les allées de votre librairie ou que vous naviguez sur internet, comment choisissez-vous le prochain livre que vous allez dévorer ? Il y a fort à parier qu’une couverture sombre, pétillante ou encore neutre attirera votre regard. Vous vous approcherez alors à petits pas, puis vous lirez le titre. Il est plutôt accrocheur, du coup vous vous décidez à empoigner le livre, vous le retournez et là vous parcourez la quatrième de couverture. Perso, c’est ce dernier stade qui me convainc de finaliser mon achat ou pas. Certains s’aventurent à lire la première page du livre, moi j’avoue, je ne me fie qu’au résumé. S’il me plaît, je me lance ! Tout ça pour vous expliquer l’importance de la 4e de couv’ comme on l’appelle dans le jargon. Pour moi les couvertures (1re et 4e) sont l’équivalent du packaging de votre livre, il constitue votre argumentaire de vente. Alors je sais que vous n’aimez pas forcément définir le sacro-saint livre comme un vulgaire produit marketing, mais c’est un fait c’est ce qu’il est puisqu’il est un objet physique vendu par un. e auteur.rice ou une maison d’édition et acheté par un. e lecteur.rice. Il est donc impératif de soigner son packaging.
Ce lundi, j’ai publié ma novella policière Les Brebis Egarées. La semaine dernière, je me suis attelée à la rédaction du résumé du livre, et comment vous dire… ça a été laborieux. Je connaissais mon histoire, ses atouts, mais j’avais du mal à rédiger un texte qui me satisfasse. Bien sûr, si vous souhaitez être publié par une maison d’édition, vous ne serez normalement pas en charge de la rédaction de la 4e de couv’ c’est votre éditeur ou le service marketing de la maison d’édition qui s’en occupera. En revanche, pour les autoédités ou pour les personnes qui souhaitent publier sur des plateformes d’écriture, cette tâche vous incombera. C’est la raison pour laquelle, j’ai souhaité vous partager quelques tips pour rédiger cette fameuse 4e de couv ». Dans cet article, je me concentrerais principalement sur le résumé.
Les erreurs à éviter
Premièrement, je vous ai identifié 5 erreurs à ne pas commettre
1. Écrire un résumé trop long
Le résumé de votre 4e de couverture c’est votre pitch commercial. Il se doit d’être bref, précis et percutant. Un résumé trop long cache souvent des anomalies, ça peut-être une intrigue que vous ayez du mal à synthétiser ou bien un résumé dans lequel vous souhaitez tout dévoiler de votre intrigue. Ça tombe bien ce dernier point est notre deuxième erreur.
2. Écrire un résumé qui en dit trop
Un long résumé peut être la conséquence d’un résumé trop bavard sur l’intrigue et/ou sur les personnages. Votre roman est génial, mais il n’y a rien de pire que l’impression d’avoir lu les 2/3 du bouquin rien qu’en lisant le résumé. Je sais vous être très fier. e de votre univers, de votre livre, mais justement laissez le lecteur le découvrir au fur et à mesure de sa lecture. Vous devez bien doser pour éviter de tout déballer dès la 4e de couverture.
3. Écrire un résumé qui n’en dit pas assez
Oui, être mystérieux et susciter l’intérêt à travers un résumé avec du suspense est la bonne méthode. Mais non, une unique phrase disant « Quand vous refermerez ce bijou littéraire, vous serez une autre personne » n’est pas une bonne idée. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce résumé ne dit rien de ce que le lecteur va retrouver à l’intérieur du livre. Quel est le genre ? Le personnage principal ? À quelle situation est-il confronté ? C’est comme si une animatrice commerciale dans votre supermarché vous tendait un pot de yaourt en ne vous donnant aucune indication sur sa composition, son goût, etc., et vous disait juste « T’inquiète, tu vas kiffer ». Je ne sais pas pour vous, mais alors moi, c’est certain que je ne repars pas du magasin avec ce pack de yaourt.
En bref, ne soyez ni bavard. e ni crevard. e, trouvez le juste milieu pour attiser la curiosité du lecteur.
4. Écrire un résumé qui comporte des fautes
Ba là c’est du bon sens. Le résumé est censé être court. Si dès les premières lignes, il y a des fautes, ça ne laisse rien augurer de bon pour la suite de la lecture.
5. Présenter des distinctions attribuées que par vous-même ou votre tata
Alors là on sort un peu du cadre du résumé pour se concentrer sur les à-côtés qui rajoutent du cachet à votre livre. Par exemple, les prix littéraires ou les critiques de la presse spécialisée ou généraliste. Si vous n’avez aucun des deux, et c’est souvent le cas lorsqu’on est autoédité, je ne pense pas qu’ajouter le commentaire de votre tante inconnue dans la street fasse pencher la balance. Au mieux, le lecteur trouve ça mignon, au pire, pathétique, donc il vaut mieux s’abstenir.
Les procédés pour écrire son résumé
Ici, je n’expose que mon avis, mais pour moi un bon résumé est un résumé qui expose avec brio la situation initiale et l’élément perturbateur qui vient bouleverser l’équilibre, la stabilité de la situation initiale. Avec cette logique, je pense que l’on risque moins de tomber dans le piège de ne pas en dire assez ou d’en dire trop. Si on n’en dit trop, c’est qu’on a probablement voulu parler des péripéties par exemple. Si on n’en dit pas assez, c’est qu’on n’a peut-être même pas fait l’effort de poser un minimum le contexte.
Pour moi, la situation initiale et l’élément perturbateur sont les deux essentiels de votre résumé. Ensuite, l’idée est de déterminer comment vous allez amener cette exposition. Ce n’est peut-être pas très clair là, mais vous comprendrez mieux par la suite.
La contextualisation
Pour le résumé des Brebis Egarées, j’ai préféré partir du procédé que j’ai surnommé la contextualisation. Alors ça peut paraître étrange parce que par définition le résumé pose le contexte, mais là je parle d’un procédé plus factuel qui commence généralement avec une date et qui poursuit sur un événement qui survient plus tard. Illustration avec les exemples ci-dessous
« URSS, 1986. Hommes, terres, bêtes… l’atome a tout ravagé. Mais de Tchernobyl vient de s’échapper un mal plus terrible encore…
Paris, vingt-six ans plus tard. La scène de crime n’est pas banale : un journaliste mort de froid, enfermé dans son congélateur. À quoi travaillait-il ? Franck Sharko et Lucie Henebelle, de la Crim », remontent la piste… Elle les mènera au cœur de l’enfer, là où, au nom de la science, l’avenir s’écrit en lettres de sang. »
Atom [KA], Franck Thilliez
« Vendredi 15 août 1997 : le jour où sont arrivées les filles.
Deux tout petits bébés coréens confiés à deux familles de Baltimore que tout oppose. D’une part, les Donaldson, de braves gens sans façons et au caractère bien trempé, affublés d’une famille à rallonge, prête à accueillir la nouvelle venue avec moult démonstrations de joie et d’enthousiasme. Et d’autre part, les Yazdan, une famille d’origine iranienne, un modèle d’intégration, avec à sa tête Maryam, une veuve élégante et insaisissable qui va réceptionner le bébé tant attendu avec une discrétion remarquable. Chaque année, à la date anniversaire de l’arrivée des filles, les deux familles au grand complet organisent une fête qui servira de prétexte à une rivalité de plus en plus subtile à mesure que les deux petites filles s’enracineront en Amérique. »
Les petites filles du soleil, Anne Tyler
Et voici l’extrait du résumé des Brebis Egarées
« Bazia avait l’habitude de prier plus jeune à l’Église de la Sainte Mission Évangélique du Christ, à l’ESMEC comme on l’appelait affectueusement. Quinze ans plus tard, la jeune femme devenue inspectrice de police retourne dans ce lieu chargé de souvenirs pour enquêter sur le triple homicide de hauts responsables de l’ESMEC. »
Les Brebis Égarées, Kea Ring
Autre variante de ce procédé, la contextualisation avec un portrait de la protagoniste. Je trouve que c’est un procédé très utilisé dans la chick-lit et la romance par exemple.
« Elles sont journalistes, marchande d’art, avocate, responsable des relations publiques. Elles ont tout pour plaire : jeunes, jolies, brillantes, sexy, indépendantes. Tout, sauf ce qu’elles cherchent désespérément : le partenaire idéal. »
Sex and The City, Candace Bushnell
« Juliette a un amoureux, un appartement, un bon job et trente-et-une paires de chaussures. Mais toutes les bonnes choses ont une fin : du jour au lendemain elle se retrouve célibataire, chômeuse et sans logement ! »
Ma vie, mon ex et autres calamités, Marie Vareille
L’accroche interrogative
Deuxième procédé que j’ai utilisé pour le résumé de mon recueil de nouvelles Si J’avais Su : l’accroche interrogative. Cette technique consiste à débuter son résumé par une question qui amène le lecteur à s’interroger sur sa réponse et sur lui-même. L’idée est de susciter l’intérêt par de l’identification aux galères ou pas du protagoniste.
Quelques exemples ci-dessous :
« Que feriez-vous si vous connaissiez le jour et l’heure exacts de votre mort ? Pour Charlie Grant, ce sera le 21 janvier à 8 heures précises, dans quatre jours. Comme ses deux meilleures amies. »
Arrêtez-moi, Lisa Gardner
« Et vous, quel est le truc le plus stupide que vous ayez jamais fait ? Comme tout le monde, Julie en a fait beaucoup. Elle pourrait raconter la fois où elle a enfilé un pull en dévalant des escaliers, celle où elle a tenté de réparer une prise électrique en tenant les fils entre ses dents, ou encore son obsession pour le nouveau voisin qu’elle n’a pourtant jamais vu »
Demain J’arrête, Gilles Legardinier
Et hop ! Un dernier pour la route, Si J’avais Su
« Vous est-il déjà arrivé de regretter amèrement un pan de votre vie? Au point où vous souhaitez que ce moment gênant n’ait jamais existé ou qu’il se soit déroulé autrement? Les quatorze personnages de ce recueil, oui. »
Si J’avais Su, Kea Ring
L’extrait
Procédé très commun celui de partir d’une citation forte du livre pour débuter le résumé. Ce procédé peut déjà donner un premier aperçu de votre plume.
« En descendant de l’avion à Lagos, j’ai eu l’impression d’avoir cessé d’être noire. » Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à Philadelphie. Elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l’Amérique, qui compte bien la rejoindre. Mais comment rester soi lorsqu’on change de pays, et lorsque la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés ?
Americanah, Chimamanda Ngozi Adichie
« Louise ? Quelle chance vous avez d’être tombés sur elle. Elle a été comme une seconde mère pour mes garçons. Ça a été un vrai crève-cœur quand nous avons dû nous en séparer. Pour tout vous dire, à l’époque, j’ai même songé à faire un troisième enfant pour pouvoir la garder.» Lorsque Myriam décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise et sont conquis par son aisance avec Mila et Adam, et par le soin bientôt indispensable qu’elle apporte à leur foyer, laissant progressivement s’installer le piège de la dépendance mutuelle.
Chanson Douce, Leïla Slimani
« Je ne t’aime plus. »
Il aura suffi de cinq mots pour que l’univers de Pauline bascule.
Installée avec son fils de quatre ans chez ses parents, elle laisse les jours s’écouler en attendant que la douleur s’estompe. Jusqu’au moment où elle décide de reprendre sa vie en main.
Si les sentiments de Ben se sont évanouis, il suffit de les ranimer.
Chaque jour, elle va donc lui écrire un souvenir de leur histoire. Mais cette plongée dans le passé peut faire resurgir les secrets les plus enfouis.
Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie, Virginie Grimaldi
Et le petit dernier un extrait de Je n’ai pas oublié
« Cela fait deux semaines que je n’ai pas mis le pied dehors et je souffre comme un nouveau-né qui pousse son premier cri. »
Sarah évite le monde comme la peste. Elle vit recluse dans son appartement et n’en sort que pour faire des courses dans son supermarché de proximité. Ce vendredi soir, au détour du rayon des féculents, elle croise le regard de l’homme au béret qui va faire resurgir des souvenirs douloureux.
Le petit plus
Les inspirations du livre
Alors moi, je ne le mets que très rarement dans mes résumés, mais j’aime bien qu’il y ait des mentions au genre littéraire du livre ou bien des clins d’œil aux œuvres appréciés par l’auteur. Je pense que ça peut convaincre notamment les fans de comédies romantiques, de whodunnit ou de sous-genre littéraire bien spécifiques.
Voilà c’est la fin de cet article, j’espère qu’il vous a plu. Et vous ? Quel type de résumé aimez-vous dans les 4e de couv ?
Crédit photo : Suad Kamardeen sur Unsplash
Je garde en note cet article si je dois m’y atteler pour mon recueil (pour l’instant, il est en attente de jugement dans les ME 🙂 )
Belle journé à toi,
Sabrina.
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Merci Sabrina ça fait plaisir ! Bon courage à toi pour tes soumissions, je croise les doigts pour toi ! Belle journée à toi également !
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Je pense que j’aime bien les résumés contextuels, où on peut deviner un peu les enjeux de l’histoire. Je ne compte pas m’auto-éditer, mais j’aurais besoin d’un résumé quand je me lancerai dans l’aventure de la recherche d’une maison et que j’ouvrirai un journal de bord sur le forum d’écriture où je suis membre, donc ton article m’est bien utile, merci ! 🙂
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Hello, ravie de l’apprendre et merci pour ton commentaire. Pour les soumissions aux ME tu auras aussi besoin d’écrire un bon synopsis et cet exercice est tellement galère. À l’occasion je pense que ça fera l’objet d’un article.
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Bizarrement, l’exercice du synopsis ne m’effraie pas du tout, beaucoup moins qu’une 4ème ! Peut-être parce que je peux m’appuyer sur ma frise chronologique… on verra bien quand j’y serai, ça sera pas tout de suite, j’ai même pas fini le premier jet !
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Parfait ! Courage pour l’écriture de ton premier jet ! ☺️
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Merci ! 😀
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