Très heureuse aujourd’hui de pouvoir partager avec vous l’interview très inspirante de Nami Tayo que je suis depuis plusieurs années déjà sur les réseaux sociaux. Sans plus tarder je vous laisse découvrir le témoignage d’une autrice prolifique

🎤 Ton parcours et toi
1. Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour, je m’appelle Nami Tayo. Je suis franco-béninoise et une grande amatrice de fantaisie et de romance.
Je raconte des histoires depuis l’âge de 9 ans à peu près. Je me suis beaucoup inspirée des gens que j’ai rencontrés, de mes voyages, et je crée beaucoup d’univers imaginaires et de personnages que j’espère qui sont réels et surtout multiculturels. Et j’adore, j’adore l’espoir, bien que mes personnages souffrent un peu. Voilà en quelques mots, en sachant que j’écris également sous le nom de Plume, Iman Eyitayo pour la jeunesse.
2. Pourquoi écris-tu ?
Alors, moi j’écris pour me sentir vivante. Et j’écris pour, je pense, transcrire toutes les émotions qui me traversent. J’ai le sentiment de pouvoir et de devoir vivre plusieurs vies. D’ailleurs, j’ai tout un univers, en tête, et pas qu’un seul. J’ai énormément d’idées et j’ai besoin de les extérioriser tout simplement. J’adore raconter des histoires, et je pourrais le faire sur n’importe quel format. Que ce soit le jeu vidéo ou encore le conte…Raconter des histoires : c’est ma grande passion. J’adore ça. Honnêtement, je ne pense pas que je puisse vivre sans, tout simplement.
3. Parle-nous de ta première fois ! De ta première histoire ou de tes premiers écrits ?
Alors, c’est un peu compliqué de répondre à cette question, mais je vais tenter de le faire en parlant du 1er jeu vidéo auquel j’ai joué et qui a changé ma vie. Parce que c’est ce jeu vidéo qui m’a donné envie d’écrire des histoires, et notamment ma première saga « Coeur de flamme ».
C’est lors d’un été en 1999, pendant un voyage que je redoutais – passé chez des cousins avec qui je ne m’entendais pas – que j’ai découvert Final Fantasy VII. J’avais une petite cagnotte pour les vacances et la liberté d’en faire ce que je voulais. Par hasard, je suis tombée sur ce jeu en boutique. Je l’ai acheté sans grande conviction, mais il allait littéralement bouleverser ma vie.
L’histoire m’a captivée : un groupe de résistants luttant pour sauver la planète. À une époque où l’écologie n’était pas encore un sujet majeur, le jeu abordait déjà ces thèmes avec une puissance incroyable. J’étais triste, solitaire, et pourtant, à travers cette aventure, je me suis sentie vivante pour la première fois.
C’est là que tout a commencé. J’ai voulu, moi aussi, faire vivre aux autres ce que j’avais ressenti. J’inventais déjà des histoires que je racontais à ma sœur, aux animaux – oui, je leur parlais vraiment quand j’étais petite – mais cette fois, j’ai décidé de les partager. De les écrire, de les dessiner.
Mes premiers personnages sont nés de ce moment-là : ceux de Cœur de Flamme et notamment Aluna, l’héroïne. Ce jeu n’a pas seulement marqué mon adolescence, il a été le point de départ de mon désir d’écrire.
4. Qu’est-ce qui t’a poussée à te lancer sérieusement dans l’écriture ?
Je crois que ma réponse précédente y répond déjà en partie : Final Fantasy VII a été l’élément déclencheur qui m’a donné envie de raconter des histoires. À l’époque pourtant, ce n’était pas l’écriture qui m’attirait le plus. Ce que je voulais vraiment, c’était créer des jeux vidéo, ou à défaut, faire de la bande dessinée. Le dessin et le visuel me parlaient davantage.
J’ai donc commencé par dessiner des BD. Mais mes parents n’étaient pas très favorables à cette passion. Je devais me cacher pour dessiner et, évidemment, je me suis fait surprendre plusieurs fois. Pour continuer à inventer des histoires sans me faire remarquer, j’ai commencé à les écrire. C’était plus discret, on pouvait facilement croire que je faisais simplement mes devoirs. C’est comme ça que l’écriture est devenue peu à peu mon refuge.
Puis la vie a suivi son cours, avec des hauts et des bas. J’ai même mis l’écriture de côté pendant plusieurs années. Et puis, en 2011, un événement a tout changé. À cause de la loi Guéant, je n’ai pas pu changer de statut en France après près de dix ans passés ici. Je me suis retrouvée dans l’obligation de repartir, sans travail, sans perspectives. Pour moi, c’était un échec cuisant. Mes parents avaient investi beaucoup dans mes études, mon avenir. Et soudain, je n’avais plus rien.
C’est dans ce moment de vide, dans ma chambre, sombrant dans le désespoir, que j’ai fait le seul geste qui me semblait encore possible : j’ai rouvert un cahier et j’ai commencé à écrire. Parce que je n’avais plus rien d’autre. L’écriture, c’était ma seule échappatoire, ma seule bouée.
Pendant un mois, j’ai écrit jour et nuit, sans m’arrêter. Et au bout de ce mois, j’avais terminé mon premier roman. Ce moment-là a tout changé. J’ai compris que je ne pouvais plus vivre sans écrire. Tout ce que j’avais fait auparavant, c’était survivre en apnée.
Depuis, je respire à nouveau.
🌪️ Tes doutes, tes obstacle
5. As-tu traversé des moments de doute, de découragement, dans ton parcours d’écrivaine ?
Oui, comme beaucoup d’écrivains, j’ai connu des périodes de doute et de blocage. Je me souviens notamment de moments compliqués, comme pendant ma grossesse ou à des phases où ma santé mentale vacillait un peu. Il y a aussi eu des périodes de découragement, surtout quand certains livres ne rencontraient pas le succès espéré.
Dans l’ensemble, mon parcours ressemble à des montagnes russes. Je n’ai jamais douté du fait que j’écrirais toute ma vie — c’est une évidence pour moi, je ne peux pas vivre sans écrire. En revanche, à chaque sortie de livre, je doute : est-ce qu’il plaira ? Est-ce que les lecteurs seront au rendez-vous ? Même si j’accepte les retours négatifs, ils laissent toujours une petite trace d’incertitude.
Heureusement, je ne souffre pas vraiment du syndrome de la page blanche. Mon souci, c’est plutôt l’inverse : j’ai trop d’idées, j’ai du mal à tout caser. Cela dit, il m’arrive d’avoir du mal à écrire, non pas par manque d’inspiration, mais parce que mentalement je ne vais pas bien. Parfois, mon esprit est embrouillé, ma charge mentale est trop lourde, et dans ces moments-là, il m’est impossible de me concentrer.
Pour y faire face, j’ai une psy. Quand ça ne va pas, je prends rendez-vous, je parle, je prends du recul. Parfois, j’ai besoin de jours off, ou simplement de me détendre. Il m’arrive aussi d’être bloquée par mon environnement. Par exemple, si mon espace de travail est encombré — comme en ce moment avec des travaux chez moi — je n’arrive tout simplement pas à écrire. Dans ce cas, je fais du tri, je m’éloigne ou je change d’environnement. J’ai besoin de clarté autour de moi pour avancer.
Et parfois, des choses toutes simples m’aident : bien manger, prendre soin de moi… C’est un équilibre à trouver entre mon état mental, mon environnement, et mes besoins essentiels.
6. Y a-t-il un moment où tu as failli tout arrêter ? Qu’est-ce qui t’a retenue ?
Non, je n’ai jamais réellement envisagé d’arrêter. Écrire fait partie intégrante de ma vie — je ne pourrais tout simplement pas m’en passer. C’est donc quelque chose d’inimaginable pour moi. Si un jour j’arrête, ce sera parce que la vie elle-même me l’aura imposé, pas par choix.
Cela dit, il y a eu des moments de doute, où je me suis sentie découragée. Des périodes où je me suis dit : « Je n’y arriverai jamais. » Pas au sens d’abandonner, mais plutôt de ne pas réussir à être à la hauteur de mes propres attentes, de ne pas parvenir à faire honneur à ma plume.
Dans ces moments-là, je passe par des phases plus sombres. Mais je m’en sors en en parlant, souvent avec des amis auteurs qui comprennent ce que je traverse et savent trouver les mots justes. Parfois aussi, je me replonge dans les commentaires positifs de mes lecteurs. Ça me rappelle pourquoi j’écris. Et petit à petit, l’envie revient, et je repars.
✨ Tes inspirations
7. Quelles sont les œuvres (romans, musiques, films, etc.) qui t’ont marquée ou inspirée ?
Dans mon cas, ma principale source d’inspiration ne vient pas forcément d’un roman ou d’un film comme on pourrait s’y attendre. Et même si j’ai parfois l’impression que ce n’est pas très « académique » de le dire, c’est pourtant la vérité : l’œuvre qui m’a le plus marquée, c’est un jeu vidéo — Final Fantasy VII. Sorti à la fin des années 90, ce jeu a littéralement changé ma vie. C’est lui qui m’a donné envie de raconter des histoires.
C’est donc, sans hésitation, ma plus grande source d’inspiration. Et ceux qui ont lu Cœur de Flamme — ou qui vont le découvrir dans sa réédition prévue pour cet automne — reconnaîtront sûrement l’influence de Final Fantasy. Elle est présente dans les thèmes, l’univers, les personnages… C’est ma toute première saga, et j’ai vraiment hâte de lui redonner vie.
En dehors du jeu vidéo, il y a bien sûr d’autres œuvres qui m’ont influencée, même si c’est plus difficile de les identifier précisément. J’ai lu des milliers de livres dans ma vie, peut-être 5000, donc faire un tri n’est pas évident. Cela dit, certains romans se démarquent :
– La saga Les Rois Maudits de Maurice Druon, pour son souffle historique.
– Mistborn (Fils-des-Brumes) de Brandon Sanderson, pour son incroyable univers de fantasy.
– Entre Chien et Loup de Malorie Blackman, une dystopie marquante.
– Enclave, dont j’ai malheureusement oublié le nom de l’autrice, mais qui m’avait vraiment captivée à l’époque. (ndlr : l’autrice est Ann Aguirre)
Côté musique, je puise mon inspiration dans un peu de tout, mais surtout dans les bandes originales d’animes japonais. Des œuvres comme Fairy Tail, Naruto, One Piece (que j’ai suivi pendant plus de 15 ans !), L’Attaque des Titans, Death Note, ou encore Escaflowne m’ont profondément marquée. Elles m’ont nourrie, à la fois par leurs histoires et par leurs ambiances musicales.
Je suis aussi très éclectique en matière de musique : bandes-son de films, musiques japonaises et chinoises, pop, musique yoruba, un peu de tout… Et bien sûr, la bande originale de Final Fantasy VII, qui reste pour moi une référence absolue.
8. Y a-t-il une autrice ou un auteur qui t’a donné envie d’écrire ?
Non. Pas particulièrement. Ce qui m’a vraiment donné envie d’écrire, c’est Final Fantasy VII.
9. Tes indispensables à ta routine créative (un rituel, une musique, un plat…) ?
Alors, dans ma routine créative, il y a quelques indispensables. Le plus important, c’est sans doute la marche. Avant d’écrire, marcher est devenu un véritable rituel. C’est un déclencheur de créativité incroyable. Sans ça, j’ai souvent du mal à me mettre dans le bon état d’esprit. Idéalement, j’aime marcher dans la nature — en forêt, autour d’un lac, ou tout simplement dans un endroit où je peux entendre les sons des animaux. C’est là que mes idées prennent vraiment forme.
Ensuite, il y a la musique. Pas une chanson précise, mais plutôt des bandes-son personnalisées que je crée pour chacun de mes livres. Chaque histoire a sa propre ambiance, son propre univers musical. Je choisis les morceaux au feeling : je sens tout de suite si une musique correspond ou non à l’atmosphère de ce que j’écris. Ces playlists sont d’ailleurs disponibles sur mon site ou sur YouTube — par exemple, si vous tapez Cœur de Flamme Playlist, vous les trouverez facilement. La bande-son de Voyageuses y est aussi accessible.
Par contre, le chocolat chaud. Le chocolat chaud et moi, c’est une histoire d’amour. J’ai besoin d’un peu de chocolat chaud quand même quand j’écris. C’est un peu la base. Sauf en été où j’en ai moins besoin. Mais je vais quand même en prendre.
Et puis, j’ai remarqué que j’écris mieux quand il fait chaud. L’été est vraiment une saison où ma créativité est à son apogée. Je pense que c’est lié à mes origines, au soleil sous lequel je suis née. Clairement, je suis une créature du soleil.
10. L’univers de tes livres est-il lié à ton vécu personnel ? Si oui, comment ?
Oui et non. Comme beaucoup d’auteurs, je pense qu’il y a toujours un peu de vécu personnel qui se glisse dans les histoires. Mais ce n’est jamais l’objectif principal. Je n’écris pas pour parler de moi, ni pour me raconter. Ceux qui me connaissent personnellement ne reconnaîtront probablement aucun aspect de ma vie dans mes romans. En revanche, ceux qui aiment creuser, qui lisent entre les lignes, peuvent parfois déceler des fragments, des résonances.
Souvent, je m’inspire des gens que j’ai croisés, des personnes qui m’ont marquée, même brièvement. Je leur invente ensuite des vies. Je m’inspire aussi d’émotions que j’ai vécues, de ressentis forts, mais cela reste subtil. Certains romans comportent plus de liens personnels que d’autres.
Par exemple, dans Cœur de Flamme, il n’y a pas de lien direct avec ma vie. Pourtant, le personnage d’Aluna — et sa sœur jumelle — a été créé comme une forme d’analogie. Dans cet univers, les jumeaux sont interdits, et leur relation est très conflictuelle. Ce thème m’a permis, sans que j’en sois pleinement consciente à l’époque, d’exprimer un sentiment d’invisibilité que je ressentais, en tant que Béninoise vivant au Bénin, face à un monde culturel largement dominé par l’Occident. Aluna, c’est une héroïne de l’ombre. Et avec le recul, je pense que ce personnage porte aussi quelque chose de moi, de mon sentiment d’effacement, même au sein de ma propre famille.
Mais en dehors de ces éléments-là, il n’y a aucun lien direct avec ma vie. Sauf peut-être un personnage inspiré de quelqu’un que j’ai connu.
Dans Voyageuse, c’est un peu différent. Il y a des éléments qui font écho à ma réalité. Par exemple, comme Camille, le personnage principal, j’ai grandi en partie dans un hôpital, car mon père est médecin. C’est un point commun. Mais pour le reste, c’est de la fiction. Ce roman, en revanche, contient beaucoup de mes passions : la Chine, la langue chinoise, l’histoire, l’archéologie… Tout cela y est très présent.
Ce que mes romans reflètent davantage, ce sont mes voyages. Parce que ce sont eux qui nourrissent mon imagination, à travers les cultures que je découvre et les personnes que je rencontre. Et comme ce sont les gens qui m’inspirent le plus, c’est forcément là que mon vécu transparaît un peu.
Mais pour résumer : non, je ne raconte pas ma vie dans mes livres. Ce que j’y mets, c’est plutôt une part de mon regard, de mes émotions, de mes rencontres.
📚 Ta vie d’autrice à temps plein
11. Comment parviens-tu à concilier ton statut d’autrice prolifique et ta vie de tous les jours ?
Alors, ce qu’il faut savoir, c’est que je suis autrice à temps plein… mais en sursis ! Je le dis avec humour, mais c’est important à préciser : je ne vis pas encore entièrement de mon écriture. Mon équilibre actuel repose sur un fonctionnement en alternance — j’ai des périodes où je prends des missions professionnelles, et d’autres où je me consacre à l’écriture à plein temps.
Jusqu’à l’an dernier, je jonglais avec un emploi à plein temps et mon activité d’écriture, ce qui s’est malheureusement terminé par un burn-out. Ça a été un signal fort. J’ai dû réévaluer mes priorités et repenser ma manière de travailler. Depuis, j’essaie de trouver un rythme plus durable.
J’utilise un outil de gestion de tâches, parce que j’ai un fonctionnement un peu TDAH (trouble de l’attention), et ça m’aide à garder le cap, avec notamment des tâches récurrentes pour l’écriture.
Concrètement, mes journées commencent après avoir déposé ma fille à la crèche. Je fais une petite marche rituelle pour me vider l’esprit et réfléchir à la scène que je vais écrire. Ensuite, je rentre et j’écris — entre 30 minutes et une heure en moyenne. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est ce que je peux me permettre pour l’instant, car toutes les autres tâches autour de l’activité d’autrice sont très prenantes.
L’après-midi (ou la fin de matinée), je me consacre à tout ce qui entoure l’écriture : répondre aux mails, préparer ma newsletter, réfléchir à ma stratégie marketing, suivre des formations, prospecter, gérer mes réseaux sociaux… En ce moment, ces tâches occupent plus de place que l’écriture elle-même.
Je m’arrête systématiquement à 17h–17h30 pour aller chercher ma fille. Et surtout, je ne travaille plus le soir. C’est une règle que je me suis imposée depuis mon burn-out : préserver mes soirées pour souffler. Malgré toutes ces précautions, il m’arrive encore de faire des pauses, comme en ce moment, parce que même en “écriture à temps plein”, la pression financière et stratégique est forte. On est toujours en train de penser à comment en vivre, et ça génère un stress sous-jacent.
Donc je dirais que mon équilibre est encore en construction, mais j’y veille attentivement.
12. Quelles sont les choses que tu aimes le plus et le moins dans le fait d’écrire à plein temps ?
Alors déjà, petit disclaimer : si je suis autrice à temps plein, je reste une autrice à temps plein en sursis. Je ne suis pas encore dans la catégorie des autrices à temps plein “full”, comme d’autres.
Ce que j’aime le plus, c’est très simple : écrire. Pouvoir écrire, surtout le matin, avant toute autre chose, c’est ce que je préfère. Et marcher, aussi. J’adore marcher. J’aime cette liberté-là, le fait de pouvoir exprimer ma créativité sans contrainte. Parce qu’avant, si j’avais envie d’écrire, je devais attendre le soir, après le travail. Et encore, à l’époque où je n’avais pas ma fille, je pouvais m’y mettre dès que je rentrais. Mais maintenant, je m’occupe d’elle en rentrant, et une fois qu’elle est couchée, il est 21h passées… et honnêtement, je n’ai plus l’énergie d’écrire. Pourtant, ce besoin d’écrire, il reste là, coincé dans ma tête. Et quand je n’arrive pas à écrire pendant plusieurs jours, ça peut me provoquer des insomnies, ou une fatigue extrême.
Donc pouvoir écrire dans mon quotidien, aujourd’hui, c’est hyper salvateur. C’est vital, même.
Et puis, il y a aussi le fait d’être maîtresse de mon emploi du temps. Ça, c’est génial. Ne pas être contrainte par des horaires fixes, pouvoir travailler depuis chez moi… Je déteste les transports en commun, vraiment. Et j’ai un handicap, ce qui fait que les trajets sont une énorme source de stress. Je sais comment je pars, mais je ne sais jamais comment je reviens. La moindre chute peut avoir des conséquences graves. Et pourtant, si je travaille en entreprise, je n’ai pas le choix, même avec un statut RQTH. Donc le fait d’écrire à temps plein, c’est un énorme allègement mental.
En revanche, ce que j’aime beaucoup moins… c’est le marketing. Honnêtement, ce n’est pas fait pour moi. Jusqu’à l’année dernière, je l’avais complètement mis de côté. Mais aujourd’hui, je dois m’en occuper, parce que si on veut vivre de ses livres, on n’a pas le choix.
Je n’aime pas les mises en ligne, ni la partie technique. Bon, la mise en page, j’aime bien, que ce soit numérique ou papier — ça, je sais faire. J’aime aussi participer à la création de la couverture, même si j’ai du mal à faire des retours à ma graphiste quand ça ne me convient pas : je n’aime pas trop la confrontation.
Et toute la phase de préparation pour la promo, c’est compliqué. Autant une fois que je publie les contenus, je suis heureuse de les partager avec ma communauté, autant toute la préparation en amont, c’est difficile pour moi.
Et je ne parle même pas des déclarations à l’URSSAF. Clairement, ce n’est pas ma passion.
13. Comment vis-tu la solitude parfois associée au métier d’écrivain ?
Globalement, je le vis bien. Je suis quelqu’un d’assez casanier, donc rester chez moi ne me pose pas de problème. Ce qui était plus difficile, en revanche, c’était de ne pas avoir de vrai entourage dans ce milieu-là. Je ne connaissais pas beaucoup d’auteurs jusqu’à l’année dernière. Enfin, je les connaissais de loin, mais je ne les fréquentais pas vraiment.
Et puis, depuis quelques années, je participe à la Conférence des auteurs indépendants. Et là, j’ai rencontré des auteurs avec qui j’ai vraiment accroché. Aujourd’hui, ce sont des personnes qui font partie de ma vie, et honnêtement, ça vaut tout l’or du monde. C’est vraiment une des meilleures choses qui me soient arrivées. Je suis hyper reconnaissante d’avoir croisé leur route.
Du coup, maintenant, j’adore aller à des événements pour auteurs. Ça me permet d’échanger, de sortir de mon isolement, de partager des galères, des idées, des inspirations. Ça rompt une bonne partie de cette solitude-là, et je trouve ça génial. D’ailleurs, je pense qu’il faudrait encore plus d’événements entre auteurs. C’est vraiment top.
Et il y a aussi les salons. Certains salons sont plus axés “auteurs”, d’autres plus tournés vers le lectorat, comme le Salon du livre africain, par exemple. Et ça, c’est aussi un super moyen de casser la solitude : se retrouver au contact de son public, échanger en direct, mettre des visages sur des lecteurs.
Autant au début, les salons me semblaient intimidants, autant aujourd’hui… bon, j’en raffole un peu moins, mais je reconnais que ce sont des moments précieux, et utiles.
🛤️ Mode maître Yoda activé (un peu de sagesse)
14. Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui rêve d’écrire mais n’ose pas se lancer ?
Alors, je donne globalement toujours les mêmes conseils de base. Ce qu’il faut savoir aussi – on n’en a peut-être pas parlé – c’est que je fais du coaching à côté, en plus de l’écriture. Ça fait partie des activités qui m’aident à faire vivre mon métier d’autrice. Je propose du coaching en écriture, mais aussi sur la publication et l’autoédition. Et forcément, la question revient souvent.
Avant même de commencer un accompagnement, je pose deux bases. Deux choses essentielles, qui pour moi passent avant tout le reste.
La première, c’est lire. Ça peut paraître évident, mais vraiment, c’est fondamental. Quand on veut écrire, il faut d’abord se poser une question simple : Est-ce que je lis dans le genre que je veux écrire ? Si la réponse est non… il faut commencer par là. Lire, lire, lire. Et si on ne lit vraiment pas, à la limite, regarder des séries, des films du même genre, être au contact d’histoires similaires… mais lire reste la base.
Le deuxième conseil, c’est… écrire. Ça aussi, ça peut sembler basique, mais écrire est une pratique. Ça s’entraîne. Il faut en faire une habitude, que ce soit un petit texte, un carnet, une scène, un billet de blog, peu importe. Il faut que le geste devienne naturel, que l’acte d’écrire soit moins intimidant, presque réflexe. Lire et écrire : ce sont les deux piliers. Et c’est valable pour tout le monde. Peu importe ce qu’on veut écrire, pourquoi on le fait, ou comment. Lire et écrire, toujours.
Après, bien sûr, il y a plein d’autres conseils, mais là on entre dans du personnalisé. Chacun a ses besoins, ses blocages, son rapport à l’écriture. Mais sans lecture, on ne peut pas progresser. Et si quelqu’un me dit qu’il a écrit sans jamais lire… bon, ce n’est pas impossible, mais ce n’est pas recommandé. Dans ce cas, je lui dis : Bravo pour être allé au bout, mais maintenant, pose ton manuscrit et va lire. Puis reviens, et relis ton texte avec un autre regard.
Lire, ça permet de comprendre les mécaniques de l’histoire, la structure, les personnages, le rythme, tout ce qui ne s’apprend pas uniquement en théorie. Et si vraiment une personne n’aime pas lire, alors je lui recommande de faire une école d’écriture. Une formation qui lui enseignera ces mécanismes.
Mais entre nous… si on n’aime pas lire, il faut quand même se poser une vraie question : Pourquoi veut-on écrire, en fait ?
15. Qu’as-tu appris sur toi-même à travers l’écriture ?
J’ai appris que mon amour pour l’écriture ne faiblit pas. Et ça, c’était une des grandes peurs qu’on avait pour moi au début : qu’en écrivant à temps plein, je m’en lasse. Mais pas du tout. C’est même l’inverse. Plus j’écris, plus j’ai envie d’écrire.
J’ai aussi appris que je pouvais créer en continu. Que je n’étais pas limitée à un seul genre ou à un seul type de projet. Je m’en doutais un peu, mais c’est rassurant de le constater. J’ai écrit de la romance, de la jeunesse, des choses que je n’aurais jamais cru possibles au départ. Je pensais que c’était hors de portée, et finalement, avec de la volonté et de la rigueur, j’y suis arrivée.
Et puis, j’ai découvert que je suis beaucoup plus ambitieuse que ce que je croyais. Avant, je pensais que je ne l’étais pas du tout. Mais j’ai compris que ce n’était pas un manque d’ambition : c’est juste que les choses pour lesquelles on attendait de moi que je sois ambitieuse ne m’intéressaient pas. Par contre, dans l’écriture, je le suis. Vraiment. Et c’est une belle surprise.
En revanche, même avec cette ambition, je ne suis pas du tout compétitive. Et ça, c’est quelque chose qui ne change pas. Mais je crois qu’on n’a pas besoin d’être dans la compétition pour progresser. On peut apprendre autrement.
J’ai aussi appris un truc très concret mais important pour moi : je croyais que je ne pouvais écrire que par sprints, en mode tout ou rien – ce qui colle bien avec mon TDAH d’ailleurs. Mais en fait, non. Depuis que je suis à temps plein, j’ai découvert que je pouvais écrire par petits bouts. Et ça, c’est vraiment une révolution dans ma façon de travailler. Je peux maintenant avancer même par petites sessions, et ça change tout.
Donc oui, j’ai appris pas mal de choses. Et toutes ces découvertes me donnent encore plus envie de continuer.
16. Comment vois-tu la suite de ton parcours d’autrice ?
Je la vois plus organisée, plus maîtrisée, plus stratégique. J’aimerais vraiment trouver une agente littéraire. C’est même l’objectif numéro un. Je ne suis pas en recherche active – je ne suis pas en train de scroller tous les sites à la recherche de la perle rare – mais j’attends la bonne rencontre. Et quand elle se présentera, je pense que je saurai reconnaître cette personne et que je n’hésiterai pas à travailler avec elle.
Je dis « agente » parce que, dans ma tête, je visualise une femme – mais je me trompe peut-être. Ce que j’espère surtout, c’est une personne qui me boostera, qui saura canaliser mon imagination (pas la brider, hein, juste la structurer) et m’aider à optimiser ma carrière. J’ai besoin de quelqu’un qui puisse me soutenir sur les aspects où je suis moins à l’aise : la stratégie, le marketing… Je pense que ça pourrait être une collaboration très complémentaire.
Ensuite, je souhaite aussi développer davantage mes projets en maison d’édition, mais de façon ciblée. Je n’ai pas pour ambition de quitter l’auto-édition. Je veux continuer à segmenter. Par exemple, pour la jeunesse, j’aimerais que tout passe à terme en maison d’édition. Ce n’est pas encore le cas – je suis encore à moitié en auto-édition, voire un peu plus – mais c’est une évolution que je vise. Pour la fantasy et la romance, je me projette plutôt sur un équilibre moitié-moitié entre auto-édition et maison d’édition.
Et puis, j’ai envie d’être plus stratégique aussi dans le choix des éditeurs. Jusqu’ici, j’ai peut-être parfois saisi des opportunités sans trop réfléchir. Désormais, je veux mieux les choisir, avec des critères plus clairs, plus en accord avec mes objectifs. J’ai d’ailleurs déjà quelques maisons en tête… Il faut juste que je construise ce projet pas à pas. Mais l’idée, c’est vraiment de bâtir une carrière d’autrice plus structurée, à mon image.
17. As-tu des envies nouvelles, des défis en tête ?
Honnêtement, je ne sais pas encore tout à fait. Ce que je sais, c’est que j’ai envie de continuer à explorer la fantasy, la romance et la jeunesse. J’ai plein d’idées, de nouvelles sagas que j’aimerais écrire. J’ai surtout envie de développer encore davantage l’univers de Cœur de Flamme, qui est vraiment mon préféré. C’est un univers que je pense garder en autoédition, parce que j’y tiens énormément.
J’ai aussi des envies un peu plus folles, que je garde dans un coin de ma tête. Par exemple, j’adorerais voir un jour Cœur de Flamme adapté au cinéma – ou sur Netflix, ou en animation, peu importe le format, tant que c’est visuel. C’est quelque chose que je visualise assez souvent, même si je ne sais pas si ça se fera un jour.
Et puis, dans l’univers jeunesse que je développe autour d’Abiola, j’aimerais beaucoup un jour créer un dessin animé. C’est un vrai rêve. J’ai aussi envie, à plus long terme, de travailler sur un jeu vidéo. Ce serait comme un retour aux sources pour moi, parce que j’ai commencé par le jeu vidéo, en fait.
Bref, j’ai énormément d’envies créatives – trop pour tout canaliser d’un coup, à vrai dire ! Mais ce qui est sûr, c’est que j’ai envie de continuer à progresser dans la création, et de faire évoluer mes univers vers d’autres formats, d’autres médiums.
18. Et enfin, si tu pouvais écrire un mot à la « toi » du début, celle qui écrivait dans l’ombre, que lui dirais-tu ?
Très bon jeu de mots, parce que oui, j’écrivais vraiment dans l’ombre… et mon tout premier livre s’appelait Le Visage de l’Ombre. Et bien sûr, on revient toujours à Cœur de Flamme, c’est le fil rouge de mon parcours.
Si je pouvais lui écrire un mot, à cette version de moi du début, je lui dirais : ça va être long. Et ça, je ne le savais pas à l’époque. Mais même si je l’avais su, ça n’aurait rien changé. Parce que je suis partie pour la vie. Pour moi, l’écriture, c’est un contrat à vie. Donc je lui dirais ça : ça va être long, mais tu as fait le bon choix. Le seul qui te ressemble vraiment.
Je lui dirais aussi de s’accrocher. Parce que c’est encore ce que je me dis aujourd’hui : continue de t’accrocher. La route n’est pas finie, mais elle en vaut la peine.
Et puis surtout, je lui dirais qu’un jour, elle recevra des lettres. Des lettres de lecteurs et de lectrices, bouleversés, en larmes, touchés en plein cœur par ses histoires. Et qu’elle n’en reviendra pas. Et ça, franchement… c’est carrément canon.
Et parce que j’adore ce jeu « tu préfères quoi ? » :
1. Tu préfères écrire une histoire médiocre qui se vend à 1 000 000 d’exemplaires ou une histoire parfaite mais qui n’est vendue qu’à 10 personnes ?
Wow. Franchement ? Je ne peux pas choisir. Parce que… soyons honnêtes : les deux options sont nulles. Vraiment. C’est pourri comme dilemme — pardon mais c’est vrai !
Dans un monde idéal ? Je prends les deux. Je veux les deux. J’écris l’histoire parfaite que seuls 10 personnes lisent, et je sors aussi l’histoire moyenne qui cartonne à un million d’exemplaires. Comme ça, j’ai le bonheur de l’œuvre parfaite… et l’argent qui va avec le reste. Voilà. Le combo gagnant.
Mais là, juste comme ça, choisir entre les deux ? Non. Impossible. Vraiment. C’est trop nul comme choix. 😅
2. Tu préfères ne plus écrire d’histoires ou ne plus en lire du tout ?
Ouch. Franchement, je ne peux pas choisir. Vraiment, c’est dur. Mais… s’il faut absolument trancher, alors je choisis d’arrêter de lire. Parce que je ne pourrais pas vivre sans écrire. Écrire, c’est vital. Donc ouais, aussi dur que ce soit, je préfère ne plus lire… et continuer d’écrire.
3. Tu préfères mourir vieille mais sans avoir vendu un seul livre ou tu préfères mourir jeune fauchée en pleine gloire ?
Wow, c’est compliqué, parce que j’ai déjà vendu des livres, donc je suis plus dans le « jeune fauché en pleine gloire ». Et puis, j’ai ma fille, donc clairement, je ne lui souhaite pas de perdre sa maman jeune. Du coup, je dirais mourir plus vieille, ce serait quand même plus cool. Mais franchement, c’est une question un peu pourrie, ou du moins vraiment dure à choisir !
Le mot de la fin. Ton actualité ?
Alors, mon actualité, c’est que je sors Dégage-moi si tu peux, ma deuxième comédie romantique, le 13 juillet prochain. Je suis encore novice dans ce genre, donc j’avoue que j’ai un peu la boule au ventre, à me demander si ça va plaire à beaucoup de monde ou pas. Ma première comédie romantique, Aime-moi si tu peux, est sortie l’année dernière en juin et elle a bien marché : on a dépassé les 1200 lectrices à ce jour.
Cette nouvelle comédie romantique se passe dans le même univers que Aime-moi si tu peux, mais ce n’est pas une suite. Il y a juste quelques personnages qui apparaissent dans les deux livres, donc ils peuvent se lire séparément. C’est une comédie romantique accessible à tout public, sans scène trash. C’est un slow burn avec un trope ennemies-to-lovers, voire haters-to-lovers.
L’héroïne est noire, le héros est métis japonais-béninois, donc un métis asiatique-noir. L’histoire se passe à Lognes, dans le 77, une petite ville. Ce sont deux voisins qui ne se supportent pas. Théra vit tranquille sans voisin depuis un moment, et essaie de supporter sa manager toxique au boulot. Et puis Ken débarque, cuisinier un peu noctambule, qui va lui faire un tapage de malade. Théra va se plaindre à son nouveau voisin, qui n’a pas l’habitude d’attendre, et ça va partir en cacahuètes. Ils vont tout faire pour s’embêter, mais évidemment, ils vont finir par craquer l’un pour l’autre.
Ça sort donc le 13 juillet prochain et il est déjà disponible en précommande sous ce lien. Après, ma prochaine actualité sera la réédition de Cœur de Flamme à l’automne. Cœur de Flamme c’est ma première saga, mon premier roman, et aussi mon premier succès. Voilà, merci beaucoup, et à bientôt !
Je remercie une fois de plus Nami pour cette superbe interview. ça a été un véritable plaisir de découvrir les réponses de Nami, je me suis retrouvée dans beaucoup de situations de son parcours. J’espère que cette riche interview vous a autant plu qu’à moi si ce n’est plus encore. Si vous avez un coup de cœur pour Nami je vous invite à la suivre sur ses différents réseaux : Instagram, Tik Tok & Facebook.
