4 leçons à tirer de Bref 2 sur la construction des personnages 

J’ai bientôt 34 ans (#teamcancer au cas où vous voudriez m’envoyer un petit cadeau) et j’ai été une grande fan de Bref version 1. A l’époque ces vidéos brèves sur le quotidien d’un trentenaire un peu paumé me faisaient mourir de rire. Certaines répliques m’ont marquée et notamment le fameux « t’as un truc en plus ». Et combien de parodies n’avons-nous pas réalisé sur le modèle de cette série désormais cultissime pour des anniversaires, des départs à la retraite ou encore des mariages ? En tout cas, moi je l’ai fait. 

Bref, j’avais gardé un bon souvenir de cette série qui avait su tirer sa révérence avec brio. Alors quand j’ai appris le retour de cette série qui m’avait tant marquée, en format long en plus, j’ai été très sceptique. J’avais peur qu’on nous serve un plat réchauffé et indigeste. Alala quelle claque j’ai pris en visionnant la saison 2. Même si je l’ai trouvée moins drôle que la saison précédente, cette saison par sa profondeur m’a littéralement convaincue aussi bien en tant que spectatrice, mais également en tant qu’autrice. J’étais donc obligée de saluer le travail des deux scénaristes Kyan Khojandi et Navo pour avoir dépeint avec tant de justesse des persos du quotidien en lutte avec leurs doutes et leurs imperfections. 

Voici cinq leçons essentielles justement que j’ai tirées de Bref 2 sur la construction des personnages (attention gros spoil, vous êtes prévenus) : 

1. Le background est essentiel dans la construction d’un personnage

    L’un des piliers de la construction de personnages est la maîtrise de ce qu’on appelle la backstory. La backstory est tout simplement l’histoire personnelle du personnage : son passé, son vécu, les diverses expériences positives ou négatives qui ont fait de lui la personne qu’il est devenue. Dans le cas de Bref 2 le narrateur « je » fait une énorme travail d’introspection pour identifier ses failles. J’ai été particulièrement marquée par son trauma de la piscine. Il faut comprendre que les adultes d’aujourd’hui ne sont souvent que des enfants qui ont grandi et qui conservent parfois souvent leurs blessures. C’est d’ailleurs  un thème que j’explore également dans Épouse-moi avec cette citation de mon propre roman que je trouve parfaitement juste. « Elle n’avait pas contredit Madame Jovert l’orientant vers le master ressources humaines, comme elle n’avait pas contredit sa mère qui lui répétait, tout en froissant un de ses dessins, que ses gribouillages ne lui donneraient pas à manger. Finalement, Cynthia, à vingt ans passés, reproduisait ce qu’on lui avait toujours inculqué. Au fond, ne condamnons-nous pas les adultes à ne demeurer que d’éternels grands enfants ? » 

    2. Un bon personnage n’est pas parfait au contraire

      Deuxième bon point que j’ai adoré dans la série, c’est la remise en question du protagoniste “je”. De prime abord, on a tendance à qualifier ce type de looser parce que c’est un quarantenaire un peu paumé dans sa vie qui est en proie aux doutes, aux questions existentielles et à sa propre frustration face à ses échecs répétés qu’ils soient personnels ou professionnels. C’est d’ailleurs ce qui rend ce personnage attachant et crédible. On s’identifie à lui aisément parce que ses failles et ses luttes internes sont universelles : la solitude, la comparaison, le deuil, la rupture amoureuse,….J’ai également trouvé que c’était une excellente idée de montrer les TOCs dont soufre le protagoniste. Alors cette idée brillante n’est pas venue de nulle part, Kyan Khojandi lui-même souffre de TOCs. Il s’est donc directement inspiré de son histoire. 

      3. Un arc narratif n’a pas besoin d’être spectaculaire pour être réussi

        Vous le savez sans doute, mais je suis très attachée au réalisme surtout dans les œuvres contemporaines. Bien sûr, il m’arrive d’être séduite par des fictions avec de multiples rebondissements, mais il est vrai que j’ai tendance à apprécier davantage les fictions proches “du peuple”. Une bonne histoire, une intrigue qui tient la route n’est pas nécessairement obligée de contenir des péripéties tirées par les cheveux. Et ce pari de proposer une intrigue riche, intéressante avec un arc dramatique positif grâce à des rebondissements crédibles est relevé haut la main par les scénaristes de Bref 2. Les péripéties sont des événements classiques de la vie quotidienne : rupture, remise en question, angoisse du temps qui passe, infidélité, rencontre puis nouvelle séparation. 

        4. Les personnages secondaires sont essentiels pour révéler le héros

          C’est d’ailleurs un thème que je développais dans cet article écrit il y a plusieurs années. Les relations entre vos personnages est tout aussi importante que l’arc dramatique du héros et permettent de colorer le récit. Comme dans la vraie vie nous sommes confrontées à plusieurs types de personnes : celles qu’on aime, celles qu’on apprécient et au contraire celles que nous portons un peu moins dans notre cœur. Et dans le cas de Bref 2, les relations en révèlent beaucoup sur le protagoniste que ce soit au niveau de la relation conflictuelle avec son frère ou son père, son sentiment de culpabilité vis-à-vis de son ex, le malaise ressenti face au comportement border de son grand pote. L’évolution de toutes ces relations nous indiquent également l’évolution, la maturité de “je”. 

          Voilà c’est à peu près tout ce que j’avais à dire sur Bref 2ème version que j’ai beaucoup aimé. Alors bien sûr, il y a quelques défauts, j’ai trouvé qu’il y avait pas mal de longueurs. J’avoue que cette saison m’a fait moins me marrer que la première, mais j’ai surtout aimé le cheminement de “je” parce que bien que je n’ai pas encore la quarantaine je partage avec lui énormément d’interrogations. Finalement, n’est-ce pas cela grandir ? Osciller entre certitudes et doutes, mais en restant fidèle à ses valeurs. 

          Et vous, avez-vous vu cette série, qu’en avez-vous pensé ? 

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