Retour aux sources et retour d’expérience AE

Bon j’ai disparu un bon moment et comme je suis toujours un peu à côté de la plaque, je décide de revenir quand tout le monde est en vacances. Bravo ! Mais bon à ce qui paraît « mieux vaut tard que jamais », n’est-ce pas ?

Alors pourquoi j’ai disparu ?

Parce que je n’avais plus envie d’écrire d’articles et parce que je constatais que le maintien du blog grignotait sur mon temps d’écriture. Au final, toutes mes activités m’empêchaient d’écrire alors que l’écriture était censée être la base pour moi. Toutes ces activités autour de l’écriture n’ont pas de sens si je ne peux pas écrire. Voyez cela comme un retour aux fondements, aux sources, à l’essentiel.

Par ailleurs, cette crise sanitaire a révélé exacerbé les inégalités sociales, les discriminations, la xénophobie. De nombreuses polémiques durant ce confinement m’ont particulièrement touchée, certaines ont été médiatisées, d’autres beaucoup moins, mais la violence, elle, a été toujours aussi intense. La violence pour moi a été à la fois de voir mes semblables souffrir et d’être impuissante face à ces injustices intolérables. Alors, ça a été bénéfique d’éteindre quelques mois ma télévision, baisser le volume de la radio, désinstaller les réseaux sociaux et me recentrer, réfléchir à ce que moi à ma petite échelle je pouvais faire pour les miens. Pour être totalement transparente avec vous, je cherche encore. Les systèmes inégalitaires paraissent tellement figés que toute réforme, tout changement semble être impossible, mais c’est faux ! Complètement faux. Tonton Madiba a justement dit « Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse. » Et oui, j’ai envie de le faire. Ça prendra le temps qu’il faut, mais je le ferai. D’ailleurs, je suis persuadée que l’écriture peut jouer un très grand rôle dans cette émancipation ô combien nécessaire.

Mais aujourd’hui, ça n’est pas le sujet. Si j’ai fait cet aparté, c’est parce que je tenais absolument à vous donner les raisons pour lesquelles j’avais déserté l’internet. Non aujourd’hui, je souhaitais partager avec vous mon retour de petite expérience de l’auto-édition.

Retour d’expérience AE

Il y a maintenant un peu plus de 9 mois, j’ai publié mon premier recueil de nouvelles Si J’avais Su en indépendant. Traditionnellement, lorsqu’un écrivain finit un manuscrit, il le soumet à diverses maisons d’édition dans l’espoir d’être publié par l’une d’elles. Moi, après avoir lu des dizaines et des dizaines d’articles sur le nouveau mode de publication sensationnel, j’étais plutôt partante pour tenter l’aventure de l’autoédition.

L’attrait pour l’autopublication ressemble à s’y méprendre à celui pour le monde de l’entrepreneuriat. C’est l’eldorado : la promesse d’être son propre écrivain, d’être son propre éditeur comme l’on peut être son propre patron. C’est la liberté de gérer son roman de A à Z : des libertés éditoriales au résumé de la 4e de couv en passant par le choix de la couverture. Sur le papier c’était très tentant, alors je m’étais dit « allez pourquoi ne pas sauter le pas ? ». Ils étaient si nombreux à l’avoir sauté le pas. Et puis concrètement, je n’avais pas grand-chose à perdre, excepté quelques sous.

Pourquoi je l’ai fait ?

La concrétisation d’un projet

Mon recueil de nouvelles Si J’avais Su a été écrit dans un contexte particulier. Je sortais d’un poste qui m’avait littéralement bouffée toute confiance en moi. L’écriture a alors été ma bouée pendant cette période difficile. Cette expérience pro a tellement été néfaste que j’ai ressenti le besoin d’accomplir quelque chose de nouveau comme pour me retrouver. J’avais mon roman Epouse-moi que je n’avais pas encore terminé. Et puis un soir, je me suis mise à écrire l’histoire de cette étudiante précaire et finalement j’ai écrit d’autres nouvelles qui débutaient toutes par cette phrase Si J’avais Su. C’était peut-être ma manière de dire « si j’avais su que ça se passerait comme ça, je n’aurais jamais accepté ce boulot ». Mais dans le fond, je suis plutôt reconnaissante d’avoir traversé cette épreuve. Elle m’a carrément ouvert les yeux sur ce que je voulais réellement dans ma vie : écrire et ce que je ne voulais absolument plus : le stress et un environnement de taf anxiogène. Donc en 2019, je finis d’écrire la dernière nouvelle du recueil en plein milieu de la nuit, hyper fière de moi parce que c’est la première fois de ma vie que je finis un projet d’écriture. Des idées d’histoires plus loufoques les unes que les autres, j’en ai eu, mais aucune parmi elles n’a eu le privilège de se voir attribuer un point final.

Dès qu’on finit un manuscrit, on se dit tout naturellement qu’on va l’envoyer à une maison d’édition. Donc la fleur au fusil, j’ai commencé à fouiner sur le net à la recherche d’une bonne âme qui accepterait de publier un recueil de nouvelles. Et c’est là que j’ai constaté que c’était quasi mission IM-POSS-IBLE. D’une parce que le marché français contrairement au marché anglophone n’est pas très friand de littérature courte et deux parce que ba Kea Ring à part pour sa mère, n’est personne. Malgré toute la bonne volonté mise dans l’écriture de Si J’avais Su, il y avait très peu de chances qu’une maison d’édition accepte de publier le recueil d’une autrice inconnue.

Je me suis donc souvenue de ces articles sur l’auto-édition que j’avais lus et je me suis dit « allez, on y va ». Je voulais me lancer parce que je suis de nature impatiente et je voulais ardemment voir la concrétisation, l’accomplissement de ce nouveau choix de vie, de ce que j’avais mis des semaines à écrire. C’est très étrange, mais j’avais besoin de voir ce livre en papier dans ma bibliothèque au milieu d’autres bouquins que j’avais aimé. Publier ce recueil, c’était comme valider et affirmer mon envie d’écrire.

Comment ça s’est passé brièvement ?

Mon manuscrit terminé, je me suis tournée vers une correctrice professionnelle Camélia C dont vous pouvez retrouver l’excellent article qui explique pourquoi faire appel à un correcteur.rice professionnel.le quand on souhaite s’autoéditer. J’aime que les choses soient carrées et professionnelles, c’était une évidence pour moi que ma correction serait assurée par un.e professionnel.le. Je me suis ensuite chargée personnellement de tout ce qui est mise en forme du manuscrit selon les préconisations d’Amazon. Ma couverture a été faite par mon cher et tendre époux ^^ qui est bien plus doué que moi en graphisme, même si j’y touche un peu. Puis, j’ai chargé mon livre sur la plateforme Amazon et en un peu plus de 24 h il était dispo. Ensuite, je me suis « occupée » de toute la promotion. Clairement, elle a été très faible. J’ai fait le minimum syndical, partage sur les réseaux sociaux et demande de chroniques auprès de blogueuses littéraires. Et oui, pas de publicité dans le métro ou de passage à la radio. J’ai brièvement décrit les différentes étapes. N’hésitez pas à m’indiquer en commentaires si vous souhaitez des articles détaillés sur certaines étapes de l’auto-édition. Le choix de la couverture, la promotion, la 4e de couverture ou encore le process avec Amazon, etc. Je me ferais un plaisir de vous en rédiger quelques-uns.

Qu’est-ce que ça m’a appris (les plus/les moins) ?

Déjà pour être totalement transparente avec vous, j’ai vendu très peu de bouquins (^^ sans blague), du moins pas de quoi changer de vie radicalement et me tirer à Bora Bora. Après très sincèrement, je n’avais pas de grandes attentes business sur mon recueil de nouvelles. Cette publication a plutôt été une démarche d’émancipation, d’accomplissement, mais aussi de test pour déterminer si l’auto-édition me convenait réellement. J’ai été très touchée par les différents avis que j’ai pu recueillir sur mon recueil, mais aujourd’hui j’ai assez de recul pour dresser une liste des points positifs et négatifs que cette première expérience d’auto-édition m’a apportée. 

Les plus

  • La liberté et l’autonomie (un peu de la triche parce que vous verrez cette rubrique se retrouvera également dans les points négatifs)
  • La disponibilité quasi immédiate de mon recueil qui rejoint un peu le sentiment d’accomplissement
  • Les avis positifs et négatifs de mes proches ou d’anonymes

Les moins

  • L’autonomie qui fait qu’on se retrouve souvent seule devant sa copie
  • Le coût financier important entre les corrections et les envois de version papier aux blogueuses, si à cela se rajoute de l’illustration, ou encore un graphiste, la notée peut devenir très salée.
  • Un livre noyé parmi tant d’autres et qui ne dispose pas d’une forte visibilité. Le travail de promotion est également important dans l’édition traditionnelle, mais il est primordial dans l’autopublication.

Qu’est-ce que j’en ai conclu ?

Que l’auto-édition n’est pas pour tout le monde et en apparence je pensais qu’elle ne l’était pas pour moi également. Alors, sachez qu’en grande indécise qui se respecte je change constamment d’avis. Et à l’heure, où je vous écris cet article, je pense de nouveau réitérer l’autopublication, pourtant, on n’est pas à l’abri d’un revirement de situation d’ici la réouverture des boîtes de nuit.

Pourquoi j’émettais quelques doutes vis-à-vis de ce mode de publication ?

L’aspect financier

Le premier frein étant la moula (les tunes, les pépètes, les sous). Corriger un roman (environ 90 000 mots pour ma part) n’est pas du tout le même prix que la correction d’un recueil de nouvelles (30 000 mots pour Si J’avais su). Je triplerais donc le prix de ma correction. Puis pour Epouse-moi, j’avais envie d’une illustration sympa, là aussi ce n’est pas donné quand on veut passer par un.e pro pour être sûr.e d’avoir de la qualité. J’avais commencé à réfléchir à autoéditer Epouse-moi et quand j’ai vu le budget prévisionnel que ça représenterait (+ de 800 € dans le meilleur des scénarios) ça m’a littéralement refroidi. Oui l’avantage de l’édition traditionnelle, c’est que tous les frais sont absorbés par la maison d’édition, c’est elle qui prend les risques.

Les succès…mais aussi les échecs (beaucoup d’appelés pour peu d’élus)

Je pense qu’on a été nombreux.ses à avoir des paillettes dans les yeux en écoutant le parcours de certains auteurs.rices qui s’autoéditent et qui se débrouillent très très bien. Je pense notamment à Jupiter Phaeton par exemple, mais également au couple Vandroux qui ont su chercher et trouver un lectorat fidèle. Mais la terrible réalité est que dans les méandres d’Amazon et autres plateformes, il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. Et que l’élection se fait sur des critères importants que je dois peaufiner pour faire ma petite place dans l’autoédition. Les critères qui pour ma part font pencher la balance sont à la fois la disponibilité pour une bonne stratégie de promotion et une forte productivité pour écrire régulièrement des romans. Ce sont deux points qui font cruellement défaut chez moi.

Autre point, je me sens encore novice et j’ai besoin d’avoir un œil neuf, c’est un peu mon côté scolaire, ma volonté d’être toujours plus ou moins guidé par un professeur, un mentor. Alors ma vision des choses est peut-être très naïve, mais j’ai le sentiment qu’avec une maison d’édition, on a ce côté corrections éditoriales qui apporte clairement un plus dans le manuscrit. Aujourd’hui, c’est ce qui me manque, mais ce besoin peut être comblé grâce aux bêta lecteurs de qualité. J’ai eu la chance d’en rencontrer de très bons lors de mes différents projets d’écriture et je n’hésiterais à faire appel de nouveau à des BL.  

Aujourd’hui, où j’en suis ?

Alors je prévois très prochainement, dans le mois probablement ou la semaine prochaine, de sortir une novella thriller au format numérique . C’est une novella que j’avais écrit initialement pour un concours auquel je n’ai finalement pas participé. Elle s’appelle Les Brebis Égarées et suit Bazia Gaoudi, une jeune inspectrice de police dans l’enquête d’un triple homicide survenu dans une église évangélique en banlieue parisienne. J’aime énormément les polars, les thrillers et j’adorerais un jour en écrire sous le format de romans.

Couverture de l’ebook des Brebis Égarées

J’ai également prévu de publier Épouse-moi en autoédition à l’automne 2020. Il est en cours de correction et l’illustration de la couverture qui sera réalisée par une artiste que j’aime beaucoup est en cours de création. J’ai hâte de pouvoir le publier.

Enfin, je vais reprendre l’écriture de mon projet secret n° 2 sur lequel je galère énormément parce que je ne me sens pas légitime d’écrire cette histoire. J’avais prévu de le terminer cette année, mais plus ça va et plus je prends du retard. Il est temps que je fasse un gros travail sur moi pour dépasser mes peurs et enfin créer l’histoire que j’avais envie de vous partager.

Voilà, c’est la fin de cet article. Je tenais à m’excuser de cette longue absence.

Sinon, j’ai plusieurs questions à vous poser chers lecteurs (je sais, je suis curieuse). Si vous être auteur.rice publié.e qu’est-ce qui vous a décidé à choisir votre mode de publication ? Si vous êtes aspirant.e auteur.rice vers quel mode de publication voulez-vous vous tourner et pourquoi ?

Crédit photo : Jeffery Erhunse sur Unsplash

13 réflexions sur “Retour aux sources et retour d’expérience AE

  1. Confession d’une auto éditrice. Tu as eu le courage de faire la vérité sur toi, c’est ce qui manque à beaucoup d’auteurs.
    De mon coté j’écris beaucoup de poèmes et j’aurais aimé en faire la publication. Mais par où commencer ?
    Je garde ton texte pour le relire et me faire mon propre avis. Courage pour la suite

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  2. Bon retour parmi nous ! Merci pour ta sincérité au début de cet article, j’espère que tu trouveras les réponses à tes questions.

    Concernant l’auto-édition, je suis d’accord avec toi : sur le papier ça vend du rêve mais quand on commence à gratter c’est clairement pas aussi rose qu’on aimerait le croire.
    De mon côté la question ne s’est pas encore posée, mais je prends beaucoup de plaisir à retravailler mes textes avec les retours des bêta-lecteurs et le voir s’améliorer, donc je pense que l’édition traditionnelle me conviendrait mieux pour avoir les corrections éditoriales.

    Je te souhaite le meilleur pour la sortie d’épouse-moi !

    Aimé par 1 personne

    1. Merci beaucoup Lucyle ! Oui l’importance c’est d’être honnête avec nous et de savoir ce qui nous convient à nous ! Certains s’épanouissent dans l’auto-édition, d’autres dans une ME. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise voie.

      Aimé par 1 personne

  3. Coucou ! Merci d’avoir écrit ce retour d’expérience super utile ! Je songe à l’autoédition depuis quelques temps et récupère un max d’infos en attendant, pour savoir un minimum dans quoi je compte mettre les pieds… D’ailleurs, à ce sujet, as-tu un avis sur Librinova, par hasard ?
    Sur ce, je repars farfouiller encore un peu dans ton blog, que j’aime beaucoup ! :3

    Aimé par 1 personne

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